Double intérieur ou comment s’établir (extrait)
L’écriture est un oxygène pour certains écrivains, respirer leur demande alors de courir sans fin.
L’écriture, chez Raphaële George, avait pour mission de la sauver ; les mots créant autour d’elle une enveloppe protectrice qui devait éloigner menaces internes et externes.
Elle y croyait dur comme fer et ça bien avant qu’elle n’apprenne l’existence de la maladie qui allait l’emporter à trente-quatre ans.
« Il y a des moments de vide où l’on voudrait se sentir penser comme si la parole pouvait sauver » (Journal de 1983, pages inédites)
« Les mots deviennent peu à peu une sorte de toit, un lieu de paix, on s’imagine qu’on est ailleurs. On s’imagine que l’on peut tout. On s’imagine que tout est redevenu possible, on imagine, même grave, que l’on chante. » (idem)
L’écriture était surtout pour elle chargée de chasser ses fantômes et tout ce qui fomente dans l’obscur de notre psychisme et ça depuis les temps immémoriaux, de génération en génération ; les histoires de ceux et celles qui nous précédent et que nous continuons à faire vivre en nous sans jamais leur trouver une fin. Roman familial, roman transgénérationnel dont nous n’occupons que quelques pages.
Comment fuir alors ce que l’on porte à l’intérieur de soi ?
« Je fuis en moi. Les choses du monde se refont, ne me laissant aucun répit, aucune incrédulité : la disparition est impossible et c’est intolérable, à cause de ce pressentiment permanent de l’anéantissement et du vide » (Double intérieur).
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