Le temps : tous les philosophes s’y sont attelés !
Photo montage de José Gutirriez
--------------------------------------
La définition de Platon en est la synthèse la plus juste que j’en ai trouvé. « Le temps est l’image mobile d’une éternité immobile ».
Le temps n’a pas de naissance, ni de finalité, sauf à notre échelle, pour nous. Mais même à notre échelle, se pose la question de savoir quelle est l’appréciation et l’usage que le monde vivant en fait. Le bourdon qui ne vit qu’une saison, pourrait-il se dévouer avec une telle ardeur à butiner pour la ruche, s’il avait la même conscience que nous du temps de l’existence ? Évidemment on peut se poser la question pour d’autres espèces animales, voire végétales. Mais aussi pour le ressenti de l’usage de notre temps. Est-il le même lorsqu’on s’ennuie ou lorsqu’on court après lui, la nuit versus le jour, lorsqu’on a vingt ans ou 80 ans, etc.… ? Pour des raisons pratiques, le décompte de l’heure, du temps, a été formalisé par les animaux évolués que nous sommes.
Mais en faisant cela, nous nous sommes déconnectés de la réalité spirituelle, de l’absence de contenu, de l’immatérialité, de ce qui pourtant donne sa réalité à notre univers.
Les songes répondent peut-être à cette réalité. J’ai remarqué, que nos rêves n’absorbent pas l’espace-temps !
Dans une certaine mesure, la poésie en dé-formalisant le signifiant des mots ou de leur assemblage, nous rapproche parfois du désir que nous avons au très profond de nous. Celui de nous éloigner des contraintes formelles du tic-tac des horloges.
------------------------------------------------------------------------
Jean-Jacques Levesque à Jean-Louis Giovannoni, Claouey, septembre 2024
Songes d’une nuit perdue
_____________________
Tout ce temps,
Perdu à ne pas mourir…
Cette nuit soupire ces mots sans écho,
Sculptés, aux creux d’une main chaude,
Dérivante en maraude.
L’ombre s’écrit discrètement,
Là où ne résonnent pas,
Ces mots, qui pourtant s’imposent.
Sons sous les paupières closes,
Des mémoires incertaines,
Battent, en un doux ressac.
Quelques bruits parfois,
Accrochent la lumière en dérive,
Et le temps s’étend…
Ce qui sombre
En deçà des pénombres,
S’espace…
Tout ce temps,
Perdu à ne pas mourir…
Aux creux du nid de ciment,
Du vent dans les feuillages,
Malgré tout…
Tout ce temps,
Ne s’entend pas…
Le jour, s’éveille ailleurs,
Ici, s’effondre sans bruit,
Dans la nuit…
Les aiguilles tournent,
Ce temps se compte,
Trop vite…
Je le salive lentement,
Le temps semble plus lent.
Dormir est interdit…
A l’entendre longtemps …
Je le décompte maintenant.
Ces bruits me rassurent…
Les bruits se sont tus…
Le sable en silence, s’égrène,
En vain, sans que le sablier se vide…
Tout ce temps,
Ne s’entend pas…
Mes murmures raturent le vide,
D’une intemporelle nature.
Ne demeure, que le temps d’être…