(Source: Le journal "Le Monde")
Les immigrés occupent un emploi sur dix en France et un sur cinq en Ile-de-France. Leurs conditions de travail sont souvent pénibles.
Par Isaline Thomas
Publié le 16 juillet 2021 à 16h20 - Mis à jour le 16 juillet 2021 à 16h27
Des conditions de travail difficiles dans des métiers en tension : la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) a analysé les emplois des 2,7 millions d’immigrés qui travaillent en France. Ils occupent un emploi sur dix dans le pays. Dans le détail, ils détiennent 29 % des emplois en Guyane – région où ce taux est le plus élevé –, 22 % en Ile-de-France et 12 % en Corse, selon une étude publiée le 2 juillet, s’appuyant sur des chiffres de 2017. En Normandie, Bretagne et Pays de la Loire, cette proportion est de 4 %.
La plupart des professions où les travailleurs immigrés sont surreprésentés connaissent une pénurie de main-d’œuvre. En cause, notamment, des conditions de travail pénibles : contraintes physiques, tâches répétitives… Les immigrés ont souvent un statut précaire : 15 % des contrats sont à durée limitée (10 % pour les non-immigrés). Ils sont principalement employés de maison (39 % d’entre eux sont immigrés), agents de gardiennage et de sécurité (28 %) et ouvriers non qualifiés du bâtiment et des travaux publics (27 %).
Le niveau d’étude est extrêmement polarisé chez les moins de 30 ans : 21 % d’entre eux n’ont certes aucun diplôme supérieur au brevet des collèges (contre 10 % pour les non-immigrés), mais 21 % ont atteint un bac + 5 (contre 14 % des non-immigrés). Le taux d’emploi des actifs immigrés (56 %, avec 79 % de temps complet) est largement inférieur à celui des non-immigrés (66 %, avec 84 % de temps complet).
Les natifs d’Afrique du Nord nombreux dans le numérique
Parmi les immigrés originaires d’Algérie, du Maroc ou de Tunisie (27 % des immigrés travaillant en France), ceux arrivés dans les années 2000 sont plus qualifiés que par le passé. Si les natifs maghrébins sont surreprésentés parmi les agents de gardiennage, de sécurité et d’entretien, ils sont également nombreux à être ingénieurs informatiques (2,4 % d’immigrés marocains parmi les ingénieurs informatiques, par exemple, soit le double de leur part dans l’ensemble de l’emploi). D’ailleurs, en Ile-de-France, 18 % des personnes exerçant un métier du numérique sont immigrées, contre 12 % des cadres de cette région, notait fin 2019 une étude de l’Insee. Parmi elles, un tiers est originaire d’Afrique du Nord.
Autre exemple, les 16 % de travailleurs immigrés nés en Asie sont particulièrement présents dans les métiers de la restauration et du textile. Ceux originaires de Chine, qui se sont majoritairement installés en France ces vingt dernières années, sont employés en premier lieu dans des professions à haute qualification, telles que personnels d’études et de recherche, note l’étude de la Dares.
Quant aux travailleurs nés au Portugal, dont la moitié vit en France depuis au moins trente ans, ils sont souvent employés de maison (14 % d’entre eux sont des natifs portugais) ou ouvriers qualifiés du BTP (8 %).